La maquette de bateau, arme de manipulation massive.
Vous voyez les petites maquettes de voiliers, en bois et en tissus qu’on peut facilement trouver en brocante, sur les vieux téléviseurs ou dans des intérieurs décorés avec un goût certain.
Pour cette expérience, on en a pris deux. Une petite et une plus grande (de 50cm). Ensuite, il a fallu un resto. Neutre de préférence. Et quand je dis neutre, je ne parle ni de politique, ni d’orientation sexuelle, je parle de la déco, du nom et de la carte. En gros, rien qui puisse faire penser que c’est un restaurant spécialisé. Et quand je dis spécialisé je pense à des spécialités gastronomiques pas à des trucs tordus qui inclus une boule d’étouffement.
Et là, on s’est dit que ce serait sympa d’influencer le choix des gastronomes avec juste quelques détails par-ci par-là.
Dans le premier cas, on laisse le resto dans son jus. Petits bouquets de fleurs séchées posées sur les tables et un plus gros posé sur un plateau dans un coin. Serviette unie couleur ivoire. Chic quoi !
Dans le deuxième cas, on remplace les fleurs par les maquettes de bateaux et la serviette est blanche avec un losange bleu sur lequel est dessiné un petit bateau et un petit poème marin.
La carte, elle, est 100% identique.
Le résultat est sans appel :
Avec les petites fleurs, 67,5% des gourmands prennent un plat de viande.
Avec les bateaux, 65% des fines gueules prennent un plat de poisson.
Pour le dessert, c’est 62,5 % (fleurs) et 60% (bateau), pas de réelle différence.
Mais ce n’est pas le plus beau !
Je sais, vous vous dîtes, ouais, c’est normal, il y avait un bateau et un poème du coup les gens ont crû qu’il s’agissait d’un restaurant spécialisé en thons et morues (dans l’assiette, pas derrière).
Et bien non…
Parce qu’après le repas, les clients ont été interrogés sur l’influence qu’aurait pu avoir les objets posés sur la table et la plupart n’y avaient même pas prêté attention.
Eux non, mais leur inconscient oui. Ils ont bel et bien été influencés sans vraiment s’en rendre compte.
Et je suis certain que si on leur avait dit : haha mon mignon, on a réussi à t’influencer avec un petit bateau !
La plupart auraient répondu : n’importe quoi, le type qui croit me manipuler, il est pas encore né, j’suis pas naïf, c’est juste que j’avais envie de manger du poisson.
Ben voyons…
Heureusement que ce genre de technique n’est pas employé par les grandes marques pour nous faire acheter des produits dont on n’a pas vraiment besoin. Ni par des hommes politiques peu scrupuleux et désireux de garder leur boulot… Non vraiment. Si c’était le cas, on aurait des produits de merde et les politiques qui vont avec…
Brrr, j’ose même pas imaginer.